Victoriaville, 13 et 14 septembre 2025

Trois tranches de bois brutes, surélevées du sol, où sont exposés des restes végétaux figés dans la cire, comme des fossiles de repas passés. En arrière-plan, un voile blanc semi-transparent où sont collés (ou cousus) des cœurs de pommes déshydratés dont certains enveloppés de cire d’abeille viendra délimiter l’espace de l’œuvre.

Polarité : quotidien/sacré, mort/vie, déchet/ressource.

La table des restes est une installation in situ qui s’inscrit dans une recherche interdisciplinaire alliant arts visuels, écologie et réflexion sociale autour des cycles du vivant. Pensée comme un autel domestique et symbolique, cette œuvre met en scène les rebuts végétaux issus des gestes quotidiens — pelures, tiges, cosses, trognons — en les détachant de leur statut de déchets pour en révéler la puissance narrative, sensorielle et esthétique.

Sur trois tranches de bois brutes, les fragments organiques sont figés dans la cire d’abeille comme autant de fossiles d’un repas passé, suspendus entre disparition et persistance. Par cette mise en forme, l’installation évoque le caractère éphémère de ces matières, mais aussi l’aspect transformateur qu’ils peuvent avoir. Les tranches de bois servent de table primitive, presque d’autel, où le vivant est ramené dans son élément. Chaque reste devient trace, empreinte d’un rituel domestique oublié, matière à penser les cycles d’usage, d’abandon et de transformation.

La table des restes remet en question notre rapport au vivant par le prisme de l’alimentation, de la consommation et de la disparition silencieuse des matières. L’œuvre entrera en interaction avec le milieu boisé. Avec le temps, de petits insectes y feront leur place et certaines parties des pelures peu recouvertes de cire se transformeront, bref, l’œuvre s’intégrera à son écosystème hôte et prendra vie à nouveau.

Crédit photo : Nadia Loria Legris